XVIIe-XVIIIe siècles
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Les grands écrivains du siècle, Voltaire, d’Alembert et Rousseau, n’étaient plus. Diderot leur avait survécu, mais il était de santé précaire et la fin fut soudaine, en juillet 1785. Beaumarchais jouissait alors d’une réputation dominante dans le monde des lettres. Les premières représentations du Mariage de Figaro (1785) connurent un succès retentissant, dû largement à l’extraordinaire vitalité du personnage principal. Médecin, Mesmer pratiquait à Vienne où il se déclara capable de guérir ses patients en activant un fluide universel auquel il donnait le nom de magnétisme animal. Dénoncé comme charlatan, il quitta Vienne pour Paris où il se trouva bientôt au centre de controverses orageuses. Condamné par la Société de m©decine, attaqué de toutes parts, ridiculisé sur la scène, il se retira en Suisse en 1785 pour vivre obscurément. Le vif intérêt que l’on portait au magnétisme animal n'égalait guère l’enthousiasme qui régnait alors pour les ballons. Des ex ériences répétées furent exécutées partout en France, même dans de petites villes telles que Chambéry, Niort et Rodez. Les ballons firent l’objet de nombreux écrits, certains frivoles, d’autres tout à fait fantaisistes. L’année 1785 fut celle du centenaire de la Révocation de l’Edit de Nantes. Il semble bien que, par prudence, les huguenots ne publièrent en France aucun ouvrage commémoratif. Une attitude différente prévalait en Prusse où, en 1685, de nombreux protestants avaient trouvé refuge. Cent ans plus tard, dans une trentaine d’ouvrages, leurs descendants rendaient grâce pour leur bonne fortune. Durant ces années, la nouvelle République des Etats-Unis d’Amérique continuait à faire l’objet de la plus vive curiosité. L’intérêt prédominant des commentateurs se portait sur des sujets politiques tels que les libertés civiles, l’égalité des hommes en société, le gouvernement représentatif et les nouvelles institutions.
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Zélé partisan de la Paix perpétuelle, comme il s’est lui-même défini, Jean-Bénédict Humbert (1749-1819) est une figure de la Révolution genevoise. Il s’est efforcé à la réalisation pragmatique de thèses rousseauistes préconisant un retour à l’état de nature et défendant la simplicité des mœurs. En ajoutant à Rousseau, son modèle initial, des personnalités comme William Penn et Benjamin Franklin, il a appelé également à l’imitation des pères fondateurs des Etats-Unis. Défenseur, tout au long de son existence, d’un projet égalitaire, il a recommandé la répartition juste du territoire, un mode rationnel de vie rurale, un modèle d’autosubsistance, et, comme corollaire de cette refonte économique, la réforme constante des mœurs.
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Cette étude met en évidence l’importance de l’incarcération dans la formation du roman moderne (XVIIe-XVIIIe siècles). Le thème prédominant (crainte d’emprisonnement, description de l’univers des geôles) est le reflet et le symptôme d’inquiétudes d’un genre en plein essor, obsédé par le risque de censure mais dynamisé par des tours d’énonciation inédits et par la passion de l’affranchissement des contraintes. Héritant de Socrate ou de saint Paul (la prison, épreuve de vérité), les picaros d’Alemán, Quevedo, Sorel, Cyrano, Lesage, Prévost, Voltaire ou Diderot offrent des caricatures burlesques oscillant entre mobilité et fixité. Par des lectures astucieuses on redécouvre ces romans majeurs sous un éclairage radicalement nouveau – à l’ombre d’une Bastille encore inamovible.
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Il revient à la Révolution de façonner un peuple nouveau, le souverain digne de la Cité qu’elle annonce: dès ses débuts la Révolution est investie d’une vocation pédagogique. Tout est à repenser et à inventer: les objectifs et les institutions pédagogiques, un nouveau système d’instruction et d’éducation, les méthodes de formation accélérée de nouveaux enseignants. Un débat passionnant et passionné s’installe au cœur même du discours politique révolutionnaire. Il ne porte pas seulement sur les modèles de l’école pour la Révolution mais a comme objet et enjeu les rapports entre culture et pouvoir, liberté et égalité, tradition et innovation, libéralisme et étatisme, religion et laïcité, dans une société démocratique à inventer. Ce volume réunit les textes les plus importants qui ont marqué ce grand débat et qui ont orienté les expériences pédagogiques de la période révolutionnaire: projets et discours de Mirabeau, Talleyrand, Condorcet, Romme, Lepeletier, Robespierre, Saint-Just, Daunou, Barère, Lakanal, etc.
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